fiction 016 by collectif

fiction 016 by collectif

Auteur:collectif
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2015-07-03T04:00:00+00:00


Je fais ce chemin sans avoir peur,

Ceci sera mon dernier mot.

Je fais ce chemin pour mourir.

Je vais mourir sans avoir peur.

Il n’avait jamais pensé à chanter ainsi, même pas aux pires moments de la guerre des hommes blancs. Il avait toujours plaisanté en combattant, parce qu’il possédait une sorte de prescience qui lui faisait écarter la mort.

L’étroit passage entre les rochers tournait à gauche, puis à droite, comme une sente de serpent. Il le suivit jusqu’à ce que les deux murs rocheux se fussent écartés et qu’il ne pût plus les toucher. Son pied buta contre quelque chose et il se baissa pour la tâter… une chose ronde, lisse, un crâne d’homme.

Il y avait d’autres ossements, de jambes et de côtes. Il les enjamba, mais son mocassin se posa parmi d’autres encore. Il se trouvait dans un endroit où des hommes étaient morts, s’étaient couchés et avaient pourri jusqu’à ce qu’il ne restât plus que leurs os.

Se redressant, il croisa les bras sur sa poitrine et leva son visage aveugle.

— « Hai-ya ! Œil-qui-Frappe ! » dit-il à haute voix. « Regarde-moi et tue-moi, comme tu as tué tous ces autres. »

— « Hai-ya, Longue-Lance, » vint la réponse.

Il ne se rendait pas compte si elle venait de sa droite ou de sa gauche, si la voix était grave ou aiguë, Cela ne ressemblait à aucune réponse qu’il eût jamais entendue.

— « Me vois-tu, Œil-qui-Frappe ? » demanda Longue-Lance. « Pourquoi ton regard ne me tue-t-il pas ? »

— « C’est parce que tu ne me vois pas, » lui dit Œil-qui-Frappe. « Mon regard ne tue pas. C’est quand une personne me voit qu’elle meurt à cette vue. »

Longue-Lance secoua la tête, essayant d’éclaircir ses pensées. « Je ne comprends pas. Est-ce la vérité ? »

— « Cela est vrai depuis très longtemps ; en fait, depuis que je suis arrivé ici de l’étoile où j’habitais auparavant. »

— « Hai-ya, » s’écria Longue-Lance. « Tu vivais sur une étoile ? »

Ce n’était pas invraisemblable. Les Ongwi racontaient des histoires où il était question de Gens-des-étoiles venant sur la Terre. Parmi les hommes blancs, Longue-Lance avait même entendu d’autres histoires étranges.

— « De quelle étoile viens-tu ? » s’enquit poliment Longue-Lance. « D’une étoile plus proche du soleil que ce monde, ou plus éloignée ? »

— « Mon univers n’appartient pas à votre soleil. J’ai un autre soleil et tes pensées ne peuvent pas appréhender la distance de ce soleil jusqu’au vôtre. »

Longue-Lance pensa aux histoires des hommes blancs.

— « Si tu es du Peuple-des-étoiles, tu n’es pas pareil à l’homme. Quelle est ta taille, Œil-qui-Frappe ? »

— « Je suis plus grand que toi, mais je ne me tiens pas debout comme toi. »

— « Tes jambes sont-elles trop faibles ? »

— « Je n’ai pas de jambes semblables aux tiennes, ni de bras, ni de mains pareilles aux tiennes, » répondit Œil-qui-Frappe. « Mon apparence n’est pas semblable à la tienne. Vous m’appelez Œil-qui-Frappe, mais je ne possède pas votre genre d’yeux pour voir.



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